mardi 1 mars 2011

Vol au ras du petit bois


     J’ai 17 ans 1/2, mon frère Jacques 15. Mon cousin, (celui du Calva cf J’irai revoir ma Normandie), ancien commando, en a 31 et fait du parachutisme à Temploux. Il nous invite pour un baptême de l’air en Cessna. L’avion monte à 2000 m en emmenant des parachutistes et des candidats au baptême de l’air.

Mon frère et moi, on est partants ! même s’il est un peu moins fonceur que moi. Il est décidé que je partirais la première. On décolle, tout se passe bien. C’est très impressionnant, d’abord parce que l’avion est petit mais surtout parce que la porte « passager » est grande ouverte pour que les paras puissent sauter une fois atteinte la bonne altitude.

On monte, on monte, on monte… Il faut du temps à un petit avion pour arriver au but. Les paras se préparent et hop ! ils sautent. Waw ! impressionnant aussi mais franchement, à cet âge-là, j’aurais bien essayé pour voir. Les paras partis, il ne reste plus que le pilote et moi pour redescendre. Ca va. Mais cette porte béante m’attire comme un aimant. Heureusement que je suis attachée avec une ceinture de sécurité parce que le vide envoûte, c’est sûr !

Ah oui, au fait, il faut aussi dire qu’on porte aussi un parachute « au cas où… » et qu’on a eu droit à 5 minutes d’explications vite fait avant de partir. Rassurant ??? Pas sûr…

On atterrit, je descends, heureuse de retrouver le plancher des vaches. Le pilote crie au moniteur qu’il doit faire le plein et conduit l’avion jusqu’au hangar.

Mon frère attend donc son tour. L’avion revient. Les paras montent, mon frère aussi. Le pilote dit au moniteur qu’avec le plein d’essence, un passager de plus, ça fait beaucoup. Le moniteur n’en a rien à cirer et lui ordonne de décoller. Le pilote insiste. Rien à faire… Je vois mon frère qui blêmit. L’avion part et roule sur une beaucoup plus longue distance avant de décoller. Au bout de la piste, il y a un bois. Aïe ! arrivera, arrivera pas… Même mon cousin semble inquiet, ce qui ne me rassure pas du tout. L’avion commence à s’élever mais on voit bien qu’il a du mal, qu’il est en surcharge. Il monte, mais très lentement et se rapproche de plus en plus de la zone boisée.

Il arrive juste à s’élever au ras de la tête des arbres et de très près parce qu’on a vu des feuilles voler ! Ouf ! ça y est, il y est arrivé. Mon frère raconte qu’ensuite, tout s’est bien passé comme ce fut le cas pour moi mais qu’il a aussi été très impressionné par cette porte ouverte sur le vide. Au retour, il était vert ! et pas prêt à renouveler l’expérience. On le comprend !

Betty L.

jeudi 17 février 2011

J'irai revoir ma Normandie


      Octobre 1996. Je suis en couple – qui n’en est pas un puisque nous n’habitons pas ensemble – avec mon meilleur ami (grave erreur !), il vient, ne vient pas, reste, ne reste pas… A l’époque, j’ai encore un gamin de 16 ans avec moi qui m’en fait voir de toutes les couleurs et un autre de 22 ans qui n’est pas tendre non plus dans le genre. Je n’en peux plus.

A l’école, j’ai deux grandes amies, Coco (elle, c’est vraiment ma meilleure amie) et Béa, disons une très (très !) grande copine.  Coco se bat depuis quelques années contre une saloperie de maladie qui l’oblige à faire des allers-retours à l’Institut Bordet à Bruxelles. Ouf ! elle est en rémission mais son moral est au plus bas.  Béa est en plein divorce cauchemardesque avec un mari violent et plus que soupçonné de pédophilie sur la dernière-née âgée d’à peine 3 ans. Monstrueux. Béa est donc aussi en phase « down » et même plus.

On discute un jour toutes les trois à la récré et Coco lance : « Dites, les filles et si on se cassait toutes les trois aux vacances de Noël ? ». On se regarde, on sourit. Ouiiiii ! Ca, c’est une excellente idée… OK, mais on va où ? Coco qui « fréquente » un tout opérateur à l’époque a des prix pour la Tunisie. Yeah ! le soleil en plein hiver, c’est bon, non ? Et en plus, on aurait droit à une petite cure de thalasso pour un petit supplément.  Vendu !

     Je n’ai jamais pris l’avion de ma vie. Je n’en ai pas peur, je suis curieuse de tout, donc, ça m’intéresse. Au jour dit (on partait 8 jours en all-in juste après Noël), nous nous retrouvons donc à Zaventem et on embarque, toutes excitées d’être libres de toutes contraintes et très motivées pour passer un super séjour ensemble.

Quelques jours avant Noël, mon cousin était venu me dire un petit bonjour et, comme il revenait de Normandie, il m’avait apporté un litre et demi ( ! ) de Calva fermier (dans une bouteille à Coca-Cola). Notre famille a des liens privilégiés depuis plusieurs générations avec le village de Regnéville-sur-Mer, près de Coutances et on connaît donc des fermiers qui « fabriquent » leur Calvados.  C’est du costaud ! Ca, c’est sûr !

Avant de partir, bien que pas très inquiète du futur voyage, je me suis dit qu’un petit remontant ne pourrait pas nous faire de mal.  J’ai donc pris 3 bouteilles vides de sirop (en général préparé par le pharmacien) et les ai remplies de ce super nectar.

     Une fois arrivée dans l’aéroport, j’ai dit à mes copines que j’avais un petit quelque chose pour elles que je leur donnerais dans l’avion. On y arrive, on s’installe, nous sommes relativement près l’une de l’autre. Déjà les questions fusent… Alors ? qu’est-ce que tu as pour nous ? Allez…

Je réponds que ce ne sera pas avant qu’on soit en vol.  Soit… On décolle. Ca fait un peu bizarre la première fois, un peu impressionnant mais ça va, je me sens bien. Comme je suis « novice », j’ai eu droit à un hublot. Super ! j’adore essayer de voir ce qu’il y a en-dessous parce que, parfois, quand la visibilité est très bonne, c’est assez magique (la fois suivante, j’ai pu voir les grands lacs du Canada, le Dakota et le Wyoming etc., ma-gni-fi-que ! je ne m’en lasse jamais).

Je me décide… et je dis : « J’ai trouvé que vous étiez vraiment fort enrhumées avant de partir et je suis allée chez le pharmacien nous acheter du sirop par précaution ». Leur tête ! Et, avec un petit sourire entendu, je leur donne à chacune une bouteille en insistant pour qu’elles en prennent immédiatement une petite gorgée pour que le traitement fasse effet tout de suite.

Là, elles se doutent que le ramage ne doit pas correspondre au breuvage, ouvrent leur bouteille, sentent et, la bouche en cœur, me disent : « Ô mais comme c’est gentil et attentionné de ta part ! On te reconnaît bien là, on sait qu’on peut toujours compter sur toi… ». Les autres passagers, un peu intéressés par nos échanges n’y voient cependant que du feu !

Béa (qui a une voix qui porte) dit : « Bon, allez, une petite pour la route ! » et hop, elle boit un bon coup, Coco aussi mais, prudente, juste un peu. Après avoir avalé, Béa tousse, devient toute rouge et « souffle » pour ventiler sa gorge en feu. Coco, ça va, elle supporte. Retrouvant ses esprits, Béa me dit : «  Et bien dis donc ! c’est du costaud ! Faudra que tu me donnes l’adresse de ton pharmacien… ».

Au final, on en a bu une bonne gorgée tous les soirs avant de se coucher (raisonnable donc) et c’est vrai qu’il était très bon mais il « dégageait », ça c’est sûr !

     Mon premier voyage s’est très bien passé. Comme Coco avait ses entrées et que c’était mon premier vol, j’ai pu aller dans la cabine de pilotage pendant un bon moment et j’ai ainsi eu la chance de voir  la Corse, la Sicile et la Sardaigne de là-haut. Grand souvenir !

A l’approche de Tunis, on nous a annoncé des turbulences parce qu’il y avait un gros orage. Moi, candide, je n’avais pas peur et mes deux amies se sont d’ailleurs bien gardées de me mettre au courant. Merci les filles ! On a fait plusieurs fois le tour de Tunis avant d’atterrir et c’est sous une pluie battante qu’on a débarqué.

Pas grave, le lendemain, il faisait tout bleu et on a même eu jusqu’à 28 °C le 2 janvier (ce qui, aux dires des locaux était très inhabituel). Notre séjour reste le meilleur souvenir que j’aie de vacances parce que nous étions toutes les trois au paradis et la thalasso nous a donné une pêche d’enfer.

Nous avons quitté la Tunisie avec plus de 25 °C. De l’avion, on a vu la neige depuis le sud de la France. En Belgique, il faisait… - 17 °C !!! Mais reboostées comme nous l’étions, ça nous était égal. On est rentrées regonflées à bloc, prêtes à réaffronter nos tourments avec beaucoup plus de philosophie.

Betty L.