Octobre 1996. Je
suis en couple – qui n’en est pas un puisque nous n’habitons pas ensemble – avec
mon meilleur ami (grave erreur !), il vient, ne vient pas, reste, ne reste
pas… A l’époque, j’ai encore un gamin de 16 ans avec moi qui m’en fait voir de
toutes les couleurs et un autre de 22 ans qui n’est pas tendre non plus dans le
genre. Je n’en peux plus.
A l’école, j’ai
deux grandes amies, Coco (elle, c’est vraiment ma meilleure amie) et Béa,
disons une très (très !) grande copine.
Coco se bat depuis quelques années contre une saloperie de maladie qui
l’oblige à faire des allers-retours à l’Institut Bordet à Bruxelles. Ouf !
elle est en rémission mais son moral est au plus bas. Béa est en plein divorce cauchemardesque avec
un mari violent et plus que soupçonné de pédophilie sur la dernière-née âgée
d’à peine 3 ans. Monstrueux. Béa est donc aussi en phase « down » et
même plus.
On discute un
jour toutes les trois à la récré et Coco lance : « Dites, les filles
et si on se cassait toutes les trois aux vacances de Noël ? ». On se
regarde, on sourit. Ouiiiii ! Ca, c’est une excellente idée… OK, mais on
va où ? Coco qui « fréquente » un tout opérateur à l’époque a
des prix pour la Tunisie. Yeah ! le soleil en plein hiver, c’est bon,
non ? Et en plus, on aurait droit à une petite cure de thalasso pour un
petit supplément. Vendu !
Je n’ai jamais
pris l’avion de ma vie. Je n’en ai pas peur, je suis curieuse de tout, donc, ça
m’intéresse. Au jour dit (on partait 8 jours en all-in juste après Noël), nous
nous retrouvons donc à Zaventem et on embarque, toutes excitées d’être libres
de toutes contraintes et très motivées pour passer un super séjour ensemble.
Quelques jours
avant Noël, mon cousin était venu me dire un petit bonjour et, comme il
revenait de Normandie, il m’avait apporté un litre et demi ( ! ) de Calva fermier (dans une bouteille à Coca-Cola). Notre famille a
des liens privilégiés depuis plusieurs générations avec le village de
Regnéville-sur-Mer, près de Coutances et on connaît donc des fermiers qui
« fabriquent » leur Calvados.
C’est du costaud ! Ca, c’est sûr !
Avant de partir,
bien que pas très inquiète du futur voyage, je me suis dit qu’un petit
remontant ne pourrait pas nous faire de mal.
J’ai donc pris 3 bouteilles vides de sirop (en général préparé par le
pharmacien) et les ai remplies de ce super nectar.
Une fois arrivée
dans l’aéroport, j’ai dit à mes copines que j’avais un petit quelque chose pour
elles que je leur donnerais dans l’avion. On y arrive, on s’installe, nous
sommes relativement près l’une de l’autre. Déjà les questions fusent…
Alors ? qu’est-ce que tu as pour nous ? Allez…
Je réponds que
ce ne sera pas avant qu’on soit en vol.
Soit… On décolle. Ca fait un peu bizarre la première fois, un peu
impressionnant mais ça va, je me sens bien. Comme je suis « novice »,
j’ai eu droit à un hublot. Super ! j’adore essayer de voir ce qu’il y a
en-dessous parce que, parfois, quand la visibilité est très bonne, c’est assez
magique (la fois suivante, j’ai pu voir les grands lacs du Canada, le Dakota et
le Wyoming etc., ma-gni-fi-que ! je ne m’en lasse jamais).
Je me décide… et
je dis : « J’ai trouvé que vous étiez vraiment fort enrhumées avant
de partir et je suis allée chez le pharmacien nous acheter du sirop par
précaution ». Leur tête ! Et, avec un petit sourire entendu, je leur
donne à chacune une bouteille en insistant pour qu’elles en prennent
immédiatement une petite gorgée pour que le traitement fasse effet tout de
suite.
Là, elles se doutent
que le ramage ne doit pas correspondre au breuvage, ouvrent leur bouteille,
sentent et, la bouche en cœur, me disent : « Ô mais comme c’est
gentil et attentionné de ta part ! On te reconnaît bien là, on sait qu’on
peut toujours compter sur toi… ». Les autres passagers, un peu intéressés
par nos échanges n’y voient cependant que du feu !
Béa (qui a une
voix qui porte) dit : « Bon, allez, une petite pour la
route ! » et hop, elle boit un bon coup, Coco aussi mais, prudente,
juste un peu. Après avoir avalé, Béa tousse, devient toute rouge et
« souffle » pour ventiler sa gorge en feu. Coco, ça va, elle
supporte. Retrouvant ses esprits, Béa me dit : « Et bien dis
donc ! c’est du costaud ! Faudra que tu me donnes l’adresse de ton
pharmacien… ».
Au final, on en
a bu une bonne gorgée tous les soirs avant de se coucher (raisonnable donc) et
c’est vrai qu’il était très bon mais il « dégageait », ça c’est
sûr !
Mon premier
voyage s’est très bien passé. Comme Coco avait ses entrées et que c’était mon
premier vol, j’ai pu aller dans la cabine de pilotage pendant un bon moment et
j’ai ainsi eu la chance de voir la
Corse, la Sicile et la Sardaigne de là-haut. Grand souvenir !
A l’approche de
Tunis, on nous a annoncé des turbulences parce qu’il y avait un gros orage.
Moi, candide, je n’avais pas peur et mes deux amies se sont d’ailleurs bien
gardées de me mettre au courant. Merci les filles ! On a fait plusieurs
fois le tour de Tunis avant d’atterrir et c’est sous une pluie battante qu’on a
débarqué.
Pas grave, le
lendemain, il faisait tout bleu et on a même eu jusqu’à 28 °C le 2 janvier (ce
qui, aux dires des locaux était très inhabituel). Notre séjour reste le
meilleur souvenir que j’aie de vacances parce que nous étions toutes les trois
au paradis et la thalasso nous a donné une pêche d’enfer.
Nous avons
quitté la Tunisie avec plus de 25 °C. De l’avion, on a vu la neige depuis le
sud de la France. En Belgique, il faisait… - 17 °C !!! Mais reboostées
comme nous l’étions, ça nous était égal. On est rentrées regonflées à bloc,
prêtes à réaffronter nos tourments avec beaucoup plus de philosophie.
Betty L.
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