13 février... Je me réveille défaite dans des draps froissés. Il n'est que 6 heures du matin. Je crois que j'ai dormi deux heures tout au plus. Peut-être trois. Valentin, rencontré un mois auparavant sur Bagoo.com, a claqué la porte en sortant dans la nuit, à m'en faire tomber du lit. Je check mon téléphone pour voir si la compagnie ne m'octroierait pas une heure de sommeil en plus, à cause d'un vol retardé. Je reçois 3 sms, aucun du boulot, tous de Valentin. Je m'enferme dans les toilettes, ce qui me donne le temps de les lire. "Coucou, merci pour la soirée, c'était torride." et de un. "Voilà, je suis bien rentré, je n'arrête pas de penser à toi.Bonne nuit!" Le troisième me laisse perplexe : "PS : Je t'ai laissé une surprise sur la table de la cuisine.Appelle-moi!" Je tire la chasse. Une bonne douche, il me reste trente minutes pour rejoindre le taf. J'attrape un croissant et j'ouvre la porte. J'en prends une bouchée; il est dégueulasse ce foutu croissant, tu parles d'une surprise! Je m'allume une cigarette.
Un crew d'enfer m'attend pour ce vol : David, le chef de cabine qui a ramené la mère de sa meilleure amie-une cougar de 50ans, Justin, le copilote à la liaison mystérieuse, Marie, la psycho-hystéro-mytho de service, Bryan, un jeune marié plutôt libertin et Natacha, qui était fortement soupçonnée d'avoir une affaire avec le commandant. Pendant le briefing, je sens vibrer mon portable. Je le regarde vite fait. Un appel manqué de Valentin. Deux minutes plus tard, un sms... de Valentin. "Tu es sûrement occupée.Je voulais te souhaiter un bon voyage." Pendant le boarding, je me planque dans le mid-galley pour lancer un coup de fil rapide. Je raccroche à peine qu'il me sms encore : "Demain, c'est la fête des amoureux. Dommage qu'on ne la fête pas ensemble.Biz." Je lui réponds que la Saint Valentin, ça ne veut rien dire. Je coupe mon téléphone pour le vol. J'aurai sûrement de la lecture pour le deboarding.
Nous voilà à Cancun. La seule chose dont j'ai envie après 11 heures de vol, c'est de me griller une bonne garo. Arrivée à la réception, ça commence fort. Rendez-vous 40 minutes après le check-in au bar de la piscine pour
un pré-apéro... Au coucher du soleil, déjà bien entamé, le noyau dur du
crew , David, Justin, Bryan et moi, nous redonnons rendez-vous à l'heure
de "l'apéro officiel" , qui débutera 30 minutes plus tard... Toujours pas de
repos après une prestation de 12 heures, des litres d'alcool dans le sang
consommé à la piscine en plein soleil... On a juste le temps de prendre
une douche en essayant tant bien que mal de ne pas glisser sur le
carrelage de la salle de bain et de s'habiller avec la tenue préméditée en connaissance de cause... C'est donc un redbull à la main que
je me rends au bar de la réception pour retrouver la joyeuse bande.
Une
heure et quelques shots de tequila plus tard, je me rends compte que j'ai oublié mon téléphone dans la chambre. Je m'éclipse pour aller le récupérer. Lorsque je l'allume, il manque de bugger tellement les sms et les appels manqués déferlent dans la boîte de réception. Entre les "Tu es bien arrivée?", les "Je suis toujours sans nouvelles de toi.SMS-moi." et les "Passe un bon séjour, je t'appelle demain.", je me sens déjà passer la bague au doigt. Je réponds d'un "OK, à demain!"Une minute précise plus tard, je reçois un "T'es fâchée?" Je balance le portable au loin et je retrouve les autres, un peu ennuyée de ce court échange romantique. On se décide enfin à aller
manger! La galère à Cancun pour un équipage entier! On finit par réserver
la table avec le show teppanyaki en live au resto asiatique de l'hôtel, mais
elle n'est disponible qu'une heure plus tard ... Et nous voilà repartis,
direction un autre bar, histoire de m'envoyer les Long Island ice-tea bien chargés de Marius, en attendant la table...
A ce point de l'histoire, la notion
du temps me devient inconnue, mon seuil de fatigue était dépassé! Et l'alcool est le seul tuteur qui me maintient encore debout! Un repas était plus que
nécessaire pour le deuxième round : "Le sport bar " et sa déferlante de
shots multicolores accompagnés de Cuba libre ... Par je ne sais quel
miracle,la fine équipe est toujours en mode fiesta à la fermeture du club ...
C'est en zigzagant gaiement qu'on se retrouve dans ma chambre à commander
du cava et des cerveças au room service ... Deux heures plus tard, la fête prend
fin à mon plus grand soulagement. Il est 3 heures du matin, heure locale ... Plutôt
raisonnable car le réveil est prévu à 7 heures pour une excursion à laquelle
j'ai décidé de ne pas participer, préférant me reposer à la piscine! Bryan, qui fume une dernière cigarette sur mon balcon en vomissant toutes
ses tripes en même temps par dessus la rambarde, met finalement les voiles une heure plus tard...
Après m'être débarbouillée et avoir mis ma nuisette, j'ai comme l'impression que j'ai oublié de faire quelque chose... Mais oui! Je devais encore prévenir Justin que Bryan ne participerait pas à la "balade matinale"! Sans
trop réfléchir au temps qui a passé, j'attrape le téléphone et compose son numéro de chambre. D'une
voix toute ensommeillée, il me répond et me remercie de l'avoir prévenu. Alors que je lui raconte toute ma life, comme à chaque fois que je suis bourrée. Il finit par me faire réaliser qu'il est déjà 5 heures du mat' et que je ferais mieux de dormir... Lui ne dormait
que depuis peu... Je raccroche, m'étends sur le lit, mais le sommeil ne
vient pas. Ma trousse à médocs qui se trouvait prête sur ma table de
nuit et la bouteille d'eau à ses côtés, je parviens à me faire mon
cocktail Spidifen, Motilium, et Stilnoct ... Satisfaite, je m'enfonce dans
les coussins et me relève instantanément ... Quelque chose m'empêche
de dormir et je viens d'en trouver la cause! Le dernier cocktail
faisait son œuvre... Je prends mon gsm, compose le numéro de Valentin et lui annonce avec beaucoup de conviction qu'on n'était pas faits
pour être ensemble , que je viens de réaliser que sa présence dans ma vie
m'étouffe et que de toute façon je ne l'aime pas! Mais bon qu'on
peut rester copain malgré tout... Et le seul son qui me parvient aux
oreilles est "Ah bon, oui je comprends. Ah d'accord", et des silences
interminables ... Il me demande si j'ai bu et si je réalise ce que
je lui ai dit... Bien sur que je m'en rends compte. Je lui propose de répéter mes paroles et oui, j'ai conscience de mes dires. In vino veritas : même dans la rupture, tu es mou! Je raccroche. Oui, tu es de la pâte à modeler dans mes mains, Valentin. Je fais de toi ce que je veux et je déteste ça. Tu es un chewing gum collé à mes talons. Même ivre morte dans les bars, tu me saoules encore un peu plus avec tes sms "Tu me manques...tu fais quoi?" Comme une sangsue, toujours sur mon dos, insaisissable, tu suces mon énergie. Tu m'asphyxies, tu m'intoxiques. Hier matin, quand tu as noyé tes yeux dans les miens, moi je voulais éteindre cette flamme. Je n'ai rien trouvé d'autre à faire qu'écraser ma bouche contre la tienne comme une clope dans un cendrier. Sur ce , je coupe mon GSM et je m'endors, libre, au son de la TV.
Waouw ... Largué comme une 7rla!!!
RépondreSupprimerA tout ces amoureux éperdus par ce concept à la con et marketing... Le pauvre pey qui s'accroche à la première soirée de Ba..e. est sans doute un Tanguy fleur bleue..
La projection, c'est le fantasme du siècle. On aime l'autre pour aimer quelqu'un et c'est le délire assuré...
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